Les Candidats à l’immigration Québécoise qui détiennent au sein de leur doux foyer, cet animal familier si particulier qu’est le pré-ado ont déjà sinon écrit, au moins réfléchi sur les impacts ordinaires que ce projet peu ordinaire peut avoir sur les enfants de cet âge extraordinaire.
Notre animal à nous, splendide espèce du Pré Adolecentus Vulgaris, appartient à la catégorie des Sensibilis Empathitae.
Bien évidemment c’est la plus belle, la plus intelligente, la plus drôle et la plus fine ! (non mais sans déconner pas la peine de chercher à mettre en avant la vôtre, c’est la nôtre qui gagne !)
Mais la vie n’étant qu’un long fleuve pas si tranquille que ça, elle nous confronte tout le temps, souvent parfois à des situations toutes aussi inédites que déconcertantes et notre départ agit sur cette aptitude à nous surprendre comme du White Spirit sur un barbecue, bref beaucoup!
Chapitre I: La mise en condition
Cela fait deux ans que nous lui parlons de notre immigration.
Connaissant son caractère plutôt inquiet et son besoin de cadre nous avons pris le pari de lui en parler dès le début, quitte à ce que le temps lui paraisse un peu long (elle avait neuf ans à l’époque et en âge de bestiole : ca fait jeune)
Comme vous tous (bande-de-fourbes) nous lui avons fait l’inventaire de tous les avantages qu’elle gagnait à vivre cette Aventure. Mais comme d’excellents parents que nous sommes (contrairement à vous, toujours-bande-de-fourbes) nous n’avons jamais occulté les aspects plus difficiles que cela représentait (séparation des copines, de la famille, changement de maison, de cadre, de pays, de culture, …)
Tant que cela n’était pas trop concret (on va aller vivre au Canada, on vendra la maison, on aura une nouvelle maison, …) elle était pleine d’enthousiasme.
Mais le jour où c’est devenu concret…
Chapitre II : La marche arrière
Le soir où nous sommes rentrés de la signature chez le notaire, notre Pré Adolecentus Vulgaris Sensibilis Empathitae nous lâche l’air de rien, au moment de se coucher : « Au fait, j’ai oublié de vous dire : j’veux plus partir ! »
[NDLR Là normalement, toi qui est aussi éleveur de ce genre de bestiole, tu sais ce que ça veut dire : il est 21h et tu vas pas descendre avant 22h30 de sa tanière chambre. Et en plus, les pâtes vont être froides !]
Chapitre III : Libérer la parole
Notre Pré Adolecentus Vulgaris Sensibilis Empathitae étant une adepte du « Je-te-dis-un-truc-qui-va-te-cueillir-sur-n’importe-quel-sujet-au-moment-tu-t’y-attends-le-moins », nous avons décidé de faire de même avec elle : attendre un moment anodin et bim lui balancer un truc anxiogène et se marrer pour la faire réfléchir sur une notion qui ait un rapport avec l’immigration : la séparation, le patriotisme, la relation aux autres, l’égoïsme, l’empathie, etc…
Et vraiment c’est quelque chose qui fonctionne très bien, tout du moins avec notre spécimen. Chaque situation nous permettant de lui faire la preuve de quel est son intérêt à s’investir dans ce projet est une aubaine et une opportunité pour lancer la discussion voire le débat, répondre à des questions et/ou éclairer des zones d’ombre.
Conclusion
A J-26, la Pré Adolecentus Vulgaris Sensibilis Empathitae se projette de plus en plus dans cette Aventure et ce n’est pas sans mal.
La culpabilité « d’abandonner » sa meilleure amie (sa *<3 BBF <3 *comme elles disent), la gestion de son empathie pour cette meilleure amie, la perspective de quitter les seuls repères qu’elle ait jamais connu (la maison, l’école, les bruits, les odeurs…).
Tout ça finalement est relativement gérable et surtout acceptable pour la bestiole dès lors qu’elle est sollicité et poussée à se questionner et donc à trouver ses réponses.
On a pas fait exprès mais je crois qu’on vient d’initier notre Pré Adolecentus Vulgaris Sensibilis Empathitae à la philosophie…